Les maux invisibles de la commotion cérébrale

Bonjour à vous chères lectrices et lecteurs,

Il existe déjà plusieurs articles traitant de la commotion cérébrale, soit du traumatisme cranio-cérébral léger (TCCL) que ce soit sur les signes et symptômes ou sur les avenues de traitements. À titre de physiothérapeute à la Clinique Cortex, j’ai décidé d’aborder le sujet sous un autre angle. L’idée d’aborder le « stress psychologique » m’est venue, car j’ai eu cette discussion maintes et maintes fois avec plusieurs patients victimes de commotion. Les patients nous font souvent part d’une impression d’être jugés ou d’avoir l’étiquette de profiteurs de la part d’un collègue ou d’un proche face à une situation de commotion cérébrale qui évolue lentement.

La nature « non visible » de plusieurs symptômes communs d’une commotion arrivant souvent de façon subite amène régulièrement l’incompréhension de la part d’autrui. Combien de fois ai-je entendu: « si j’avais le bras dans le plâtre, mon patron comprendrait que je ne peux pas taper sur mon clavier, mais il ne comprend pas qu’après 20 minutes devant l’écran le mal de tête apparait et ma vision devient floue et que je dois aller me reposer ». Les patients se sentent souvent stigmatisés, car au premier coup d’œil ils ont l’air fonctionnels à 100% sur une courte période temps. On peut les croiser à l’épicerie, dans un restaurant ou en jogging.

Une exposition graduelle aux stimulis

Il faut savoir qu’il est souvent recommandé par les professionnels de la santé aux patients qui ont une commotion, de bouger, de voir des gens ou d’aller dans des endroits avec plusieurs stimulis de façon progressive et contrôlée. Ceci a pour but de s’exposer graduellement à diverses situations pour aider l’adaptation du cerveau en vue du retour au travail et à la vie habituelle. Ce qu’il faut savoir, c’est que les premières expositions (bruits forts, endroits mouvementés, endroits lumineux) demandent beaucoup d’énergie au cerveau. Cette exposition peut rapidement augmenter les symptômes. Une des solutions pour faire diminuer les symptômes est le repos ou la micropause.

À chaque nouvelle exposition ou avec l’ajout de nouveaux stimulis le patient peut encore une fois ressentir les mêmes symptômes qui nécessitent encore une période de repos. Celle-ci devrait être de plus en plus courte avec les expositions. L’ajout progressif de différents stimulis avec l’aide des professionnels de la santé permettent d’avoir une amélioration du temps d’expositions aux stimulis et une diminution de l’intensité des symptômes à chaque étape. 

Il est donc tout à fait normal d’avoir un retour temporaire des symptômes tout au long de la progression, d’où l’importance d’avoir un suivi serré avec les divers intervenant.e.s.

Trucs pour vous libérer la tête

Maintenant que vous comprenez que la persistance de certains symptômes peut être normale, voici quelques pistes de solution pour mieux vous faire comprendre et éviter les tensions familiales ainsi que professionnelles:

  • la communication : dès le départ, prenez le temps d’expliquer le plan de traitement qui vous a été donné par les professionnels avec vos proches et collègues;
  • vous pouvez venir accompagné de vos proches à vos rendez-vous afin qu’ils entendent de vive voix les recommandations du professionnel.lle.s;
  • avoir votre plan de traitement sur papier avec vous, signé des professionnel.le.s, que vous pourrez montrer à votre employeur et collègues afin qu’ils soient au courant de vos restrictions;
  • si les pressions de l’entourage persistent et qu’elles semblent vous affecter. Il devient primordial de prendre soin de votre santé mentale en consultant un.e neuropsychologue ou un.e psychologue afin d’avoir des outils-clés pour vous aider à progresser.

Votre physiothérapeute est une excellente oreille, mais il n’a pas toutes les compétences en matière de suivi psychologique. Alors, ne soyez pas surpris, si dans une situation plus difficile psychologiquement ou émotionnellement, celui-ci vous dirige vers ces ressources pour vous aider en vous en sortir plus rapidement.

N’oubliez pas qu’il est essentiel d’avoir un esprit sain dans un corps sain!

Pierre-Olivier Neault, physiothérapeute

poneault@physiointeractive.com

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